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Association "Ma Différence"

"Ma Différence" est une Association de Parents d'Enfants Polyhandicapés.

CONTE - Les Colombes en épicéa

Légende et tradition …

colombe-3Au pays des gens de Lune, aux confins des étoiles, vivait Bois de Lune. Bois de Lune était surnommé ainsi car son métier consistait à nettoyer le ciel de toutes les branches d’arbres qui gênaient le spectacle interstellaire : il était bûcheron en quelques sortes. Avec ses branches coupées, Bois de Lune fournissait Jean de la Lune, dont l’activité principale était de fabriquer des nuages. Jean de la Lune habitait une sorte de grotte tout en haut d’une immense montagne et faisait du feu de tous bois puis éclaboussait son antre avec une bonne giclée d’eau qui se transformait instantanément en nuage. Il en faisait des gros, des petits et même, de temps en temps des moyens, selon le moment et même parfois suivant son humeur. Par une cheminée, les nuages s’envolaient au gré du vent pour agrémenter nos ciels. L’été, ils étaient bien blancs et joufflus, l’hiver et l’automne, tristes et gris et au printemps … tout guillerets. La lune ne se formalisait pas de cela, et au contraire aimait jouer à cachecache derrière les nuages de Jean de la Lune … C’est amusant de penser que, pendant que l’un s’évertuait à dégager la face de la lune, l’autre se plaisait à la cacher ! Mais l’un et l’autre étaient de grands amis et ne trouvaient rien d’assommant à leurs labeurs.

Bois de Lune avait aussi un ami, Pierrot, qui lui, ne faisait rien d’autre que rêvasser. Assis sur une branche en attendant que Bois de Lune vienne la couper, il chantait dans l’espoir de séduire Colombine mais c’est surtout la Lune qu’il faisait sourire. Un jour, Bois de Lune rencontra Belle de Lune et en tomba aussitôt amoureux fou. Bien sûr, Belle de Lune était la plus jolie qui soit dans le firmament et Bois de Lune ne resta pas de marbre devant elle. Après des études compliquées de cosmotologie, Belle de Lune était devenue esthéti-Lune et chaque jour rendait la grande dame plus belle encore. Comme cela, si d’aventure la Lune obtenait un rendez-vous avec le soleil, elle aurait une excuse d’être en retard et lui, serait conquis, l’astre d’or !

Après une lune de miel qui dura cent lunes, ils s’installèrent ensemble et bientôt eurent un enfant : Fleur de Lune vint au monde une belle nuit étoilée et fut suivie de Poisson-Lune qui avait une figure de poisson-chat, Pied de Lune, qui aimait par-dessus tout jouer au football, Lune Rousse à la chevelure …blonde et enfin Petite Lune qui s’appelait ainsi parce qu’ils avaient préféré cela à Pierrette ou Léontine.

Dans le pays des gens de Lune, Bois de lune avait une réputation de bon travailleur et de bon père de famille. Les dimanches, il emmenait toujours toute sa petite maisonnée au Lunapark, et si le temps était pluvieux … un peu à cause de Jean de la Lune, ils jouaient tous ensemble à une partie de Cosmo-poly. Lorsque Bois de Lune avait un peu de temps libre, pour occuper ses mains il fabriquait des oiseaux en fines lamelles de bois, au plumage déployé. Il les fabriquait à partir de 2 petits morceaux de bois, de l’épicéa de préférence, qu’il assemblait à mi-bois pour former d'une part la tête, le corps et la queue et d'autre part les ailes. Plus les ailes et la queue étaient ouvertes en éventail, et plus il était heureux de sa trouvaille.

Bois de lune les laissaient s’envoler afin d’embellir l’endroit. Comme par magie, le vent les déposait dans un souffle léger, sur une branche que Bois de Lune n’avait pas encore coupée. Mais un jour, l’un d’eux se fit prendre par une bourrasque plus forte et après un long … long …très long voyage dans les nuées, se retrouva au pays des Carpates. L’oiseau, comme tout bon oiseau qui soit, se posa de lui-même sur une branche d’arbre. Il attendit là qu’une personne chaleureuse veuille bien le récupérer, bien vite car le froid et la neige commençaient à l’engourdir et l’oiseau ne voulait pas succomber dans une contrée aussi inhospitalière.

C’est à cet endroit que le petit Ivan le trouva. C’était une fin d’après-midi dans la forêt que la lune éclairait du mieux possible et dans laquelle Ivan essayait vainement de semer un loup qui en voulait à son effronterie, l’oiseau de bois lui apporta chance car le loup, à une croisée de chemins, prit la mauvaise direction et rattrapa un malheureux garçon, surnommé Piotr et qui n’avait jamais rien fait au loup … sinon de crier à tort et à travers qu’il était dans le coin. Mais c’est une autre histoire.

Trouvant l’objet attirant, il le rapporta à sa mère qui habitait un grand château comme celui de la belle au bois dormant et lui indiqua que poursuivi par le loup, la chance lui avait souri au moment de sa rencontre avec l’oiseau. La grande duchesse, car c’était une grande duchesse, recueillit l’oiseau de bois et en garnit aussitôt une vitrine, car elle pensait qu’il fallait la meilleure protection qui soit pour un tel porte-bonheur. En outre, elle décida de ne plus jamais s’en séparer.

Bien plus tard, devenue bien âgée, la grande duchesse fit un long … long …très long voyage car elle devait faire une cure dans une station thermale de montagne pour soigner ses maux. Elle avait choisi de venir voir sa cousine, elle-même grande duchesse de Savoie. Bien évidemment, pour se garantir de toutes les mauvaises fortunes qu’un tel voyage pouvait présenter, elle prit soin d’apporter avec elle son oiseau de bois.

Dans le grand Duché de Savoie, elle visita le Val d’Abondance et elle fit la connaissance d’un pays tellement souriant, et de tant de gens charmants, qu’elle décida de s’y installer définitivement. Avant de mourir, la grande duchesse convoqua le maire du village dans lequel elle avait trouvé autant de bonheurs pour ses vieux jours et lui offrit son oiseau de bois.

Et depuis ce temps, on perpétue dans la vallée, la tradition de fabriquer des milliers de colombes en épicéa. La colombe est placée à l'intérieur des chalets, suspendue près de la cheminée, dans la cuisine ou dans la pièce commune. On dit encore aujourd’hui qu’elle porte bonheur.

Jean La Fiarde